Les acides lactiques sont nos amis
C’est une belle après-midi de mai, le temps
est radieux, vous avez la pêche et le stère de bois qui végète en tas
au fond du jardin depuis l’automne devient une évidence. Vous sautez
dans un vieux t-shirt gagné lors d’une course à pied en 1987 et vous
voilà transformé pour les trois prochaines heures en bûcheron
infatigable. Les tasseaux sont désormais rangés dans le panier en osier
près de la cheminée, Madame est ravie, vous vous couchez épuisé mais
satisfait, vous vous sentez vivant et vous endormez du sommeil du juste.
Huit heures plus tard, c’est une tout autre histoire. Vous vous
réveillez avec l’impression qu’un éléphant a passé la nuit assis sur
vos épaules.
On a longtemps cru que les acides lactiques étaient à l’origine des
courbatures, ces douleurs musculaires qui peuvent dans certains cas
être insupportables. En effet, lorsque les muscles fournissent un
effort soutenu, un certain nombre de mécanismes se mettent en marche
pour leur apporter l’énergie nécessaire. Pour faire simple, lorsque cet
effort devient très intense, les muscles, pour fonctionner à plein
régime, se mettent à consommer plus de sucre que d’oxygène
(contrairement aux efforts en endurance). Ce déséquilibre entraîne la
création des biens connus mais mésestimés acides lactiques qui doivent
probablement leur mauvaise réputation à leur statut de déchet
métabolique (encore que même ce point soit désormais contesté). En
effet, en 2004, des chercheurs australiens ont mis en évidence le fait
que les acides lactiques n’avaient
pas de rôle prépondérant dans la fatigue musculaire et il a été établi que même au repos le corps crée des acides lactiques.
Une forte accumulation de ces acides due à un effort important
alors ? Là encore, ça ne serait possible que si ces acides lactiques
restaient stockés dans les muscles pendant plusieurs jours (les
courbatures disparaissent comme elles sont venues dans un délai allant
de 2 à 5 jours en général). Or, l’organisme sait parfaitement évacuer
ces déchets. Ils sont recyclés par le foie et on n’en retrouve plus
trace dans un délai de 30 à 90 minutes après la fin de l’effort
physique.
Enfin et toujours à la décharge des acides lactiques, les
courbatures ne surviennent que lorsque l’on sollicite les muscles à une
intensité d’effort auquel l’organisme n’est pas habitué. Un muscle
entraîné, comme celui d’un sportif régulier habitué à travailler à
haute intensité, encaissera une séance très intense sans ressentir de
courbature (sauf bien sûr s’il produit un effort exceptionnel). Et
pourtant, au cours de cette séance, ses muscles créeront autant d’acide
lactique que n’importe quel autre individu puisqu’il s’entraînera
justement à ce qui correspond, pour lui, à l’intensité à laquelle il
crée des acides lactiques (on appelle cela la voie anaérobie lactique
dans le jargon sportif).
Mais alors, si les acides lactiques n’ont rien à voir là-dedans,
qu’est-ce qui les provoque, ces fameuses courbatures ? Eh bien pour
résumer… on n’en sait rien.
Le devenir de l’acide lactique Quelques tentatives d’explications Dernière modification : vendredi 20 novembre 2009