Le traitement du surendettement a beaucoup évolué depuis la Loi Neiertz en 1989. Essentiellement causé par l’endettement bancaire immobilier dans la période 1990-1995, il est désormais lié à la dégradation de la situation financière et sociale des ménages, des personnes seules et des familles monoparentales. Le surendettement est devenu le miroir de la précarité sociale, voire de l’exclusion affectant une partie de la population française qui se retrouve vivre en dessous du seuil de pauvreté soit 13,4 % de la population française en 20104,5.
Cette tendance s’accentue en raison de la stagnation des revenus et de la persistance du chômage, dont le chômage de longue durée, face à une augmentation des charges courantes et de logement, dont le coût de l’énergie.
Baromètre du surendettement[modifier]
Le nombre total de dossiers déposés auprès des commissions de surendettement de juillet 2005 à juin 2010 est de près de 974 000 soit une moyenne de près de 194 000 dossiers par an, plus de 824 700 dossiers ayant été déclarés recevables au traitement du surendettement. Fin septembre 2010, le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement de leur surendettement était de 70 808 avec un endettement moyen de 44 638 €.
Le nombre total de dossiers déposés auprès des commissions de surendettement est passé de 90 174 en 1990 à 216 395 à septembre 2009, soit une augmentation proche de 140 %. Les dossiers jugés recevables sont, pour la même période, passés de 64 320 à 182 695, soit une augmentation proche de 184 %6.
Fin septembre 2010, le nombre de personnes bénéficiant d’un traitement de leur surendettement était évalué à 781 450. L’endettement moyen, à fin septembre 2010, était de 44 700 €7.
Pour les périodes respectives d'octobre 2008 à fin septembre 2009 et d'octobre 2009 à fin septembre 2010, le nombre de dossiers déposés et de dossiers déclarés recevables était le suivant:
Dossiers déposés: 212 814 et 218 082
Dossiers recevables: 178 387 et 183 485
Caractéristiques sociodémographiques et professionnelles[modifier]
La dernière « enquête typologique sur le surendettement » de la Banque de France pour 20108 fait ressortir une aggravation des situations de surendettement causées par des difficultés familiales (séparation, divorce, décès d’un membre de la cellule familiale (23 %).
La population des surendettés présente les caractéristiques suivantes pour 2010, comparée à 2001 :
• Prédominance de personnes vivant seules (65 % des cas contre 58 % en 2001) et sans personnes à charge (53 % contre 42 % en 2001).
• Tranches d’âge affectées : 28 % et 26 % des surendettés relèvent des tranches d’âge de 35 à 44 ans et de 45 à 54 ans.
• Confirmation du vieillissement de la population des personnes surendettées se traduisant par 1) la réduction de la proportion de surendettés âgés de 35 à 44 ans (diminution de 3 points depuis 2001) et 2) l'augmentation de la part des surendettés âgés de plus de 55 ans (23 % en 2010 contre 13 % en 2001) et des surendettés de plus de 65 ans (8 % en 2010 contre 4 % en 2001),
• Prépondérance des locataires (80 % en 2010 contre 75 % en 2001), les propriétaires passant de 16 % à 7,5 % pur la même période
• Importance des difficultés professionnelles : en 2010, 26 % des surendettés sont au chômage, 13 % n’ont pas de profession et 11 % se trouvent sans activité (invalidité, congé maladie de longue durée ou congé parental).
• Maintien de la prépondérance les employés (34 %) et les ouvriers (24 %) parmi les surendettés.
Ressources et capacités de remboursement[modifier]
Selon l’enquête typologique sur le surendettement de la Banque de France pour 2010:
• 54 % des personnes surendettées disposent de ressources inférieures ou égales au SMIC (contre 32 % en 2001),
• 5 % des surendettés disposent de ressources sont inférieures ou égales au RSA socle pour une personne (460 €), 12 % pour deux personnes (690 €).
• 83 % des surendettés en 2010 disposent de ressources inférieures ou égales à 2 000 €
• La part des dossiers présentant une capacité de remboursement inférieure ou égale à 450 € qui était comprise entre 74 % et 78 % auparavant s’établit à 84 % en 2010.
Structure de l’endettement[modifier]
Le niveau d’endettement observé en moyenne pour l’ensemble des dossiers recevables s’établit à 34 500 €.
Pour 2010, l’endettement se compose pour 83 % de dettes bancaires, pour 9 % d’arriérés de charges courantes et pour 8 % d’arriérés de dettes diverses ce qui confirme la part du recours excessif au crédit parmi les causes du surendettement.
Les dettes bancaires sont présentes dans 95 % des dossiers pour de 5,8 dettes en moyenne par dossier et un endettement moyen de 30 170 € et recouvrent :
• des prêts immobiliers (1,8 dettes en moyenne par dossier) dans 7 % des dossiers pour un endettement moyen de 89 140 €,
• des crédits à la consommation (5,1 dettes en moyenne par dossier) dans 91 % des dossiers pour un endettement moyen de 23 670 €,
• des crédits renouvelables dans 82 % des dossiers (4,2 dettes par dossier en moyenne) pour un encours moyen de 17 000 €.
• des prêts personnels d’un montant moyen de 14 500 € dans 49 % des dossiers (2,3 dettes en moyenne par dossier).
• des découverts et dépassements (1,3 dettes en moyenne par dossier), dans 57 % des dossiers pour un encours moyen de 1 300 €.
Les dettes de charges courantes existent dans 76 % des dossiers (4 dettes par dossier en moyenne), pour un montant moyen de 4 130 € (dettes (loyer et charges locatives, d’énergie et de communication, de transport, d’assurance et de complémentaire de santé, de santé et d’éducation, dettes alimentaires et les dettes fiscales.
Les autres dettes s’élèvent en moyenne à 4 900 € et existent dans 54 % des dossiers (2,6 dettes en moyenne par dossier) et incluent: les dettes sociales, professionnelles, pénales ainsi que d’autres dettes diverses parmi lesquelles les chèques impayés.
La commission de surendettement[modifier]
Le traitement du surendettement relève de la compétence de la commission du surendettement des particuliers.
Il en existe au moins une dans chaque département, composée de sept membres:
• le préfet, président de droit, et le responsable départemental de la direction générale des finances publiques chargé de la gestion publique, vice-président de droit, chacun pouvant se faire représenter par un délégué,
• le représentant local de la Banque de France, membre de droit, qui en assure le secrétariat,
• deux personnes désignées par le préfet, la première sur proposition de l'Association française des établissements de crédit et des entreprises d'investissement, la seconde sur proposition des associations familiales ou de consommateurs, ce pour une durée de deux ans renouvelable,
• deux personnes, désignées par le préfet : l’une justifiant d'une expérience dans le domaine de l'économie sociale et familiale, l'autre d'une licence en droit ou d’un diplôme équivalent et d'une expérience minimale de 3 ans dans le domaine juridique, ce pour une durée de deux ans renouvelable.
Le membre justifiant d’une expérience dans le domaine de l’économie sociale et familiale et le membre justifiant d’un diplôme et d’une expérience juridiques ont été introduits par la loi du 1er août 2003, qui leur a donnés une voix consultative.
La loi du 1er juillet 2010 leur a conférés une voix délibérative en même temps qu’elle faisait passer le nombre des membres de la commission de 6 à 7, corrigeant ainsi d'une certaine manière la surreprésentation antérieure de l'État et des créanciers.
La présence du membre justifiant d’une expérience dans le domaine de l’économie sociale et familiale s’explique par la nécessité de plus en plus fréquente, eu égard à la précarité croissante de la situation des débiteurs, de les doter d’un accompagnement social et familial. La présence du membre justifiant d’un diplôme et d’une expérience juridiques est motivée par la fréquence des questions juridiques suscitées à l'occasion de l’examen des dossiers déposés par les débiteurs et ce dans tous les domaines du droit (régimes matrimoniaux, droit des successions, droit immobilier, droit de la famille, droit du travail, etc.)
La liste des membres de la commission est affichée dans les locaux du secrétariat de la commission et est accessible sur le site internet de la Banque de France.
Les membres de la commission peuvent se faire représenter par un suppléant selon des modalités fixées par le décret du 29 octobre 2010.
Le quorum est de quatre membres. En cas de partage des voix, celle du président est prépondérante.
Les membres de la commission, comme les personnes participant à ses travaux ou appelées au traitement de la situation de surendettement, sont tenus au secret professionnel dont la violation est prévue et réprimée par l’article 226-13 du code pénal.
Sous la même peine, les renseignements relatifs au dépôt d'un dossier de surendettement et à la situation du débiteur ne peuvent être communiqués aux créanciers, aux établissements de paiement et aux établissements de crédit qui tiennent les comptes de dépôt du débiteur antérieurement à la décision de recevabilité du dossier.
La commission adopte un règlement intérieur rendu public par affichage dans les locaux de la succursale de la Banque de France où siège la commission ainsi que sur le site internet national de la Banque de France.