LA PETITE MAISON TRANQUILLE
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 Le fauteuil Poäng,invention!fleur

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Fleur

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MessageSujet: Le fauteuil Poäng,invention!fleur   Le fauteuil Poäng,invention!fleur I_icon_minitimeDim 8 Avr 2012 - 20:06

Le fauteuil Poäng,invention!fleur 3692841837


Le fauteuil Poäng


Le design américain moderne



Né Karl Emanuel Martin Weber à Berlin en 1889 (l'acronyme K.E.M.
fera office de prénom à partie des années 1920), il se forme à l'ébénisterie,
puis à l'architecture et la décoration d'intérieur à l'Ecole d'arts appliqués
de Berlin. En 1914, il part superviser la construction du pavillon de l'Allemagne pour l'exposition «Panama-Pacifique» à San
Francisco.




La guerre éclate en août, ce qui l'empêche de retourner en
Europe: en Californie, il décroche quelques contrats dans la publicité ou la
décoration. En mai 1915, un sous-marin allemand torpille le paquebot
britannique Lusitania, parti de New York. Se prénommer «Karl» ne joue pas en sa
faveur ; faute de clients, il devient successivement bûcheron, puis éleveur de
poulets.
Le fauteuil Poäng,invention!fleur Kem_weber




Il s'installe à Santa Barbara en 1918 pour enseigner l'art
et ouvrir un atelier au sein d'une église à l'abandon. Il vivote quelques
années avant de se faire remarquer par les frères Barker, à la tête d'un grand
magasin de mobilier de Los Angeles. Pendant quelques années, Weber produit des
pièces hispanisantes à la mode, de bois sombre et aux courbes ondulantes. A
court d'inspiration, il convainc les «Barker Brothers» de subventionner un
voyage en Espagne en 1925.




En chemin, il s'arrête à Paris et visite «l'Exposition
internationale des Arts décoratifs et industriels modernes
».
L'événement fera date, et donnera son nom au style «Art déco». Frappé par les
créations innovantes des architectes et designers Robert Mallet-Stevens, Le
Corbusier, ou Pierre Charreau, Kem Weber revient aux Etats-Unis avec une
certitude: l'avenir du mobilier est au modernisme.




Les frères Barker se montrent peu disposés à bouleverser
leur offre, mais Weber finit par imposer son idée. En 1926, il prend la tête de
«Modes and Manners», boutique spécialisée dans les créations modernistes,
située au 4e étage du grand magasin Barker Brothers, qui en compte onze: une
occurrence précoce de «store-within-a-store».




Mobilier, luminaires, textiles ou arts de la table, les
choix de Weber (qui a lui-même dessiné et aménagé les lieux) sont osés. Il a la
brillante idée de mettre en scène une salle à manger, où les clients peuvent se
restaurer, voir les objets et meubles en situation, se projeter. L'audace paie,
le succès est immédiat. Le nom de Weber, associé à celui de Modes and Manners,
devient synonyme de «design américain moderne».
Un fauteuil à emporter

On l'admire, on l'imite. Une
deuxième branche est bientôt ouverte à Hollywood. Acteurs et pontes de
l'industrie du cinéma se ruent sur les créations de Weber, dont les services
d'architecte décorateur s'arrachent.




En 1927, Kem Weber quitte Modes and Manners pour ouvrir son
propre studio de design; d'employeurs, les Barker deviennent ses clients. Sa
réputation dépasse les frontières de l'Etat de Californie: il est l'un des
designers les plus réputés du pays. Weber allège et affirme son style,
s'affranchit de l'extravagance savamment dosée qui caractérisait le style Modes
and Manners.




Formes géométriques répliquées, lignes étirées et angles
arrondis: on lit les signes annonciateurs de l'esprit «Streamline»
qui régnera bientôt.




La Grande Dépression de 1929 a rendu la clientèle frileuse,
sinon économe. Le designer réfléchit, parallèlement aux réalisations qu'il
signe pour ses clients fortunés, au moyen d'adapter sa production à un marché
élargi. Il propose des pièces abordables (de 20 à 140$) ou ses propres services
pour modifier intérieurs ou mobilier de famille, l'adapter au goût du jour –
comme on le fait de bijoux qui seraient passés de mode.




Comme ses compatriotes de l'École du Bauhaus,
Weber teste le métal tubulaire (la Lloyd Manufacturing Company, dans le
Michigan, vendra de très nombreux exemplaires de ses sièges), explore nouvelles
techniques et matériaux innovants, bricole des systèmes de jointures tout en
bois, facile à assembler. En 1934, il met toute son ardeur dans un projet
inédit: inventer un siège qui, à plat, tiendrait dans une boîte suffisamment
compacte pour être emportée telle quelle à la maison.




L'Airline Chair, un fauteuil en porte-à-faux au design
moderne, pèse moins de huit kilos et ne coûte que 24,75 dollars (le salaire
moyen de l'époque est d'environ 1.400 dollars). Impossible de se tromper en
l'assemblant, seules deux petites tiges de bois sont à glisser dans des
crochets. Il est robuste, et l'inclinaison de son dossier réglable. «Wrap
it Up and Take It Home!», titre avec enthousiasme le magazine Retailing en
mai 1935.
Le fauteuil Poäng,invention!fleur Kem-weber-assembly




Cependant, en dépit de ses atouts, le mode de
commercialisation proposé par Weber est accueilli avec méfiance. Aucun
fabricant ne se risque à produire le fauteuil pour le marché de masse, et la
modeste quantité produite ne trouve pas preneur. Jusqu'à ce que Walt Disney
s'en entiche, et détourne le fauteuil de sa cible initiale.




Jamais le designer ne trouvera de partenaire commercial pour
créer sa collection d'articles d'ameublement d'honnête qualité pour un marché
de masse. Ce sont les clients fortunés qui se tournent vers lui, et non
l'Américain moyen. L'entrée en guerre des Etats-Unis met un frein à ses
activités de design, et Weber propose au gouvernement un système de son
invention (qui se solde, lui aussi, d'un échec): des maisons préfabriquées
conçues pour se protéger des assauts ennemis.




A l'issue de la guerre, Kem Weber retourne à Santa Barbara,
et abandonne le design de mobilier au profit de l'architecture. L'effronté de
l'avant-guerre fait vingt ans plus tard figure de «vieux schnock»
à côté de la jeune garde du design, le couple Charles et Ray Eames en tête. Les historiens
et critiques du style «mid-century modern» américain, dont il est l'un des
précurseurs et acteurs jusqu'à sa mort en 1963, oblitèrent peu ou prou son
travail pendant quelques décennies.




Indépendamment du parcours de Weber, l'idée fait son chemin.
Près de 15 ans après sa création en 1943, l’entreprise du Suédois Ingvar Kamprad intègre
la vente de meubles à son catalogue, mais il doit subir la pression que ses
concurrents exercent sur ses distributeurs.








Kamprad et ses collaborateurs n'ont d'autre choix que livrer
eux-mêmes leurs clients, et l'idée germe en dévissant les pieds d'une table qui
devait être glissée dans le coffre d'une voiture: pourquoi ne pas proposer le
mobilier à plat, afin que les clients puissent eux-mêmes l'assembler à la
maison? IKEA compte alors un unique point de vente, en Suède, et emploie une
centaine de personnes.
Vingt ans plus tard, la marque, désormais présente en
Europe, en Australie et au Canada, propose le fauteuil en porte-à-faux Poäng (à
l'origine baptisé «Poem»), inspiré de modèles traditionnels comme
les créations de Bruno Mathsson
ou d'Alvar
Aalto
.
Le fauteuil Poäng,invention!fleur Poang
Le fauteuil Poäng




Celui-ci figure toujours au catalogue de la marque jaune et
bleue, étiqueté à partir de 99€ 59€. Des millions d'exemplaires se sont vendus un
peu partout dans le monde, où IKEA a essaimé.




L'Airline Chair de Kem Weber, quant à elle, fait de
régulières apparitions en salles de ventes. Son «prix marteau» dépasse parfois
la barre des 20.000$. Et sa popularité n'est pas un phénomène local: elle est
entrée dans la collection de mobilier du musée Victoria & Albert de Londres
en 1991.

Le fauteuil Poäng,invention!fleur Airline-droite
L'Airline Chair originale à gauche, la nouvelle mouture signée «Disney» à droite. Image DISNEY.




Vingt ans plus tard, l'énorme machine Disney, sous la marque
«Walt Disney Signature» (division «Fashion & Home»),
fait appel au designer américain Cory Grosser pour rafraîchir les lignes du
«mythe». Abordable, l'Airline Chair nouvelle mouture? Il vous en coûtera 3.900$,
auxquels vous ajouterez 1.400$ pour acquérir un repose-pieds coordonné. Chez
Disney, on maîtrise le sujet: les belles histoires font toujours vendre.




Elodie Palasse-Leroux






Sources: «K. Weber and the rise of modern design in
Southern California», Christopher Long (biographe de Kem Weber), The
Magazine Antiques
; «K. Weber, the most important mid-century modern
designer you never heard of», Collector's Weekly.
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