LA PETITE MAISON TRANQUILLE INVENTION INVENTEUR INVENTION |
| | La variété des épices histoire | |
| | Auteur | Message |
---|
Fleur
Administrateur/trice
Nombre de messages : 74851 Localisation : france Emploi/loisirs : FONDATRICE Humeur : bonne Réputation : 26 Points : 113836 Date d'inscription : 11/06/2008
| Sujet: La variété des épices histoire Dim 6 Mar 2011 - 22:17 | |
| La variété des épices rend leur définition malaisée et pourtant, on connaît les épices. Spontanément on les reconnaît, même si certaines sont moins célèbres que d’autres, tels la maniguette africaine ou le fagara chinois, pratiquement inconnus hors de leur terre natale. Les épices sont des parties de plantes aromatiques à la saveur forte, et unique. Elles sont utilisées en petite quantité en cuisine comme conservateur, assaisonnement ou colorant. Les épices sont pour la plupart des produits exotiques. Elles étaient parmi les produits commerciaux les plus coûteux durant l'Antiquité et le Moyen Âge. Un grand nombre d'épices étaient employées autrefois en médecine. Origine des épices Les épices n’appartiennent pas à une seule famille végétale, même si certaines sont apparentées : cardamome, gingembre et curcuma appartiennent à la famille des zingibéracées ; myrte, piment de la Jamaïque et girofle à celle des myrtacées ; cumin, carvi, coriandre et ajowan sont, eux, des apiacées. Les épices viennent-elles d’une même partie de la plante ? Non. Il existe des épices-graines, comme la moutarde, le genièvre ou le sésame, mais la cannelle est une écorce, le clou de girofle un bouton de fleur, le safran un stigmate, le poivre un fruit, et le gingembre un rhizome, cette partie souterraine d’une plante à la jonction des tiges et des racines. Parfois versées dans la catégorie des aromates, avec les autres plantes à parfums, les épices se montrent rebelles à la classification. Quand on croit tenir le point commun, les exceptions surgissent… A l’époque médiévale, les épices désignaient de façon générale les marchandises (species) venues d’Orient – épices proprement dites mais aussi soie, coton et métaux. Progressivement, le sens du mot a rétréci pour ne plus désigner que les substances comestibles que nous appelons épices aujourd’hui. Si les limites de ce groupe, réduit, sont encore poreuses, on s’entend généralement sur le fait que les épices sont issues de plantes (ce qui exclut le sel), qu’elles possèdent des saveurs fortes, piquantes ou troublantes, qu’elles colorent parfois, et qu’elles subissent une préparation après la cueillette, ce qui les distingue des fines herbes.
Par ailleurs, les épices ne se mangent pas telles quelles : elles participent à l’élaboration du mets, ce qui les différencie des condiments, servis à part. Ainsi la moutarde de table est un condiment, mais la graine de moutarde une épice. La moutarde est familière dans nos contrées. Pourtant les épices n’englobent pas toutes les plantes qui parfument notre cuisine au quotidien, comme l’ail ou l’oignon. Elles suscitent plutôt des rêveries tropicales et des visions d’opulence. Les épices embaument les longues caravanes, parcourant la Route de la soie à travers les déserts et les montagnes d’Arabie et d’Asie. Elles parfument le vent qui gonfle les voiles des caravelles et des caraques voguant sur les océans. Les canelles de chine et de ceylan La cannelle (Cinnamomum zeylanicum) est le trésor de Ceylan, cette grande île prospère, jadis fertile en arbres fruitiers, cerfs, paons, lapins et lièvres. Selon François Pyrard de Laval, qui visite Ceylan au début du XVIIe siècle, « l’arbre en est comme celui du laurier, il porte une fleur blanche et un fruit de la forme de l’olive mûre. Il y a écorces [sic], la première ne vaut rien, la seconde c’est la vraie cannelle qu’ils fendent sur l’arbre ». Le cannelier appartient effectivement à la famille des lauriers. Il est exploité dans le sud de l’Inde, au Sri Lanka, aux Seychelles, à Madagascar, sur l’île de Java, en Indonésie, aux Antilles, en Guyane française et au Brésil. Avant le XIXe siècle, la cannelle était prélevée sur les arbres sauvages du Sri Lanka.
Depuis deux siècles, le cannelier est cultivé : il est taillé de façon à multiplier les rameaux. Cette taille, effectuée sur des canneliers de cinq-six ans d’âge, les empêche de grandir et les maintient à l’état d’arbuste. Les branches sont retaillées tous les deux ans. La qualité de l’écorce s’améliore d’année en année. Quand les branches atteignent environ deux mètres de long et deux centimètres de diamètre, la récolte peut commencer. Il faut profiter de la saison des pluies et de l’apparition de jeunes feuilles pour couper les branches, au ras du sol. En effet, la montée de sève augmente le parfum de cannelle et facilite l’écorçage de la branche. L’écorce est prélevée en bandes minces, qui sont ensuite grattées pour enlever le liège (l’écorce qui « ne vaut rien » selon François Pyrard de Laval). Au séchage, ces rubans roulent sur eux-mêmes et forment des petites flûtes, ou roseaux, qui se disent tous deux canna, en latin, et donnent leur nom à la cannelle. La saveur exceptionnelle de la cannelle de Ceylan provient de sa teneur en aldéhyde cinnamique et en eugénol : c’est ce mélange aromatique qui la rend indépassable. Selon les lieux de production, sa qualité peut varier, selon les proportions d’eugénol. Parfois elle contient du camphre, ce qui la rend trop violente. La cannelle de Ceylan provenant du Sri Lanka, son île d’origine, reste la meilleure. La cannelle de Chine, ou cannelle-casse, est différente de celle de Ceylan, mais elle appartient, comme elle et comme le camphrier, à la famille des Lauracées. Elle est récoltée sur un arbre chinois, exploité dans le sud de la Chine, le nord du Vietnam et en Indonésie. Les rameaux, coupés au bout de six ans, sont plus gros que ceux du cannelier de Ceylan. Les cueilleurs massent l’écorce avant de l’inciser, afin de dissocier les différentes couches. La casse n’est pas grattée avant d’être séchée, ce qui l’empêche de rouler sur elle-même et explique pourquoi cette épice est beaucoup plus épaisse que la cannelle de Ceylan. La casse est vendue avec son liège (ou suber), et sa couleur externe, marron, presque grise, tranche avec la rousseur de la cannelle de Ceylan. Le goût de la casse est plus brutal que celui de la cannelle, car elle est dépourvue d’eugénol. Les fruits du cannelier de Chine sont des baies contenant une seule graine. En Chine, ils sont cueillis verts, et employés comme épice, après avoir été séchés. clou de girofle et fleurs des gérofliers Le 17 novembre 1521, Antonio Pigafetta, l’un des membres de l’expédition de Fernand de Magellan, débarque sur l’île de Tidore, dans l’archipel des Moluques, pour voir de ses propres yeux « comment naissent les girofles ». Guidé par des indigènes, Pigafetta rejoint les montagnes couvertes de girofliers (Eugenia caryophyllata). Impressionné par ces grands arbres au feuillage pyramidal, l’Italien note que que « toutes les parties de l’arbre, aussi bien les feuilles que l’écorce et le bois, sentent le girofle ».
En effet, le giroflier est, comme le muscadier, l’un des végétaux qui contiennent l’une des plus fortes proportions d’huile essentielle (jusqu’à 17 %). Tant les feuilles que les fleurs et les fruits de ce grand arbre tropical dégagent des parfums merveilleux. Le calice, rouge et long comme celui d’un œillet, contient un bouton de fleur, qui s’ouvre en révélant quatre pétales blancs. Si elle est fécondée, la fleur du giroflier donne un fruit très aromatique, appelé mère de girofle, clou matrice, ou antofle, très apprécié en Indonésie confit dans le sucre. La partie la plus parfumée du girofle n’est pas ce fruit, mais le bouton, aux pétales encore soudés. En s’épanouissant, la fleur perd une grande part de son parfum, c’est pourquoi elle est cueillie juste avant d’éclore.
Séchés au soleil sur des nattes et remués constamment afin d’éviter la fermentation, les boutons floraux prennent une couleur terre de Sienne. Une fois débarrassés de leur tige, ou pédoncule, ils deviennent l’épice nommée clou de girofle, la tête de ce « clou » étant formée par la corolle fermée et la pointe par le calice. Un giroflier fournit environ deux à trois kilogrammes de clous de girofle par an. L’Indonésie est le plus gros producteur et également le plus gros consommateur de clou de girofle avec lequel sont parfumées les cigarettes locales, les fameuses kretek. Zanzibar et Madagascar sont également d’importantes sources de girofle, tant sous forme d’épices que d’huile essentielle, mais les clous de girofle de l’île d’Amboine, aux Moluques, restent les plus réputés en raison de leur taille et de leur qualité. noix de muscade :l'amande en dentelle La noix de muscade est l’amande contenue dans le noyau du fruit du muscadier, arbre tropical qui vit centenaire. Les feuilles du muscadier sont toujours vertes. Il fleurit toute l’année et donne des fruits au bout de cinq à huit ans. Il reste productif pendant près d’un demi-siècle, voire plus longtemps. Les arbres portent des fleurs mâles ou des fleurs femelles. Seuls les arbres femelles donnent des fruits, c’est pourquoi, dans les plantations, ils sont dix fois plus nombreux que les arbres mâles qui servent à les féconder.
Entre la floraison et la cueillette du fruit mûr s’écoulent environ sept mois. Un muscadier produit deux mille fruits chaque année environ. Ce fruit ressemble à un brugnon ou à un abricot, de couleur jaune. Comme ce dernier, il est formé de deux valves qui s’entrouvrent lorsque le fruit parvient à maturité. A l’intérieur du fruit fendu, on aperçoit le noyau, ou graine, qui contient la noix de muscade, et qui est enveloppé par le macis, cette arille, rouge ou orangée, qu’autrefois on nommait « fleur de muscade ».
Dans certaines régions, le fruit est cueilli avant qu’il ne tombe de l’arbre. Dans d’autres, la récolte s’effectue en ramassant les fruits tombés au sol. Les macis sont ôtés : ceux qui ne sont pas déchirés durant cette opération seront commercialisés comme épices entières, les autres serviront à l’extraction de l’huile essentielle. Les macis sont séchés au soleil ou dans des caisses. Au cours du séchage, leur teinte fonce et devient pourpre. Les noyaux, dévêtus du macis, sèchent pendant plusieurs semaines, au soleil ou à l’ombre, afin de les préserver des chaleurs excessives qui feraient fondre les lipides qu’ils contiennent. Les noyaux restent au soleil pendant plusieurs semaines, jusqu’au moment où l’amande bouge, à l’intérieur de la graine. Le noyau est brisé et l’amande récupérée : c’est elle qui constitue l’épice appelée noix de muscade.
En Indonésie, les noix de muscade sont trempées dans la chaux, non plus pour les empêcher de germer, comme au temps de l’occupation hollandaise, mais pour leur conserver leur aspect cérusé habituel et les empêcher de moisir. La noix de muscade a un parfum plus doux et plus délicat que le macis, mais en bouche, elle est plus relevée, presque piquante. Sa légère odeur de musc, parfum rare et recherché au Moyen Age, l’a fait baptiser muscade en français. Ces arômes proviennent des terpènes et de la myristicine. La myristicine est une substance hallucinogène, dont les effets se font sentir lorsque la poudre de muscade est absorbée à fortes doses, ce qui peut aussi causer une dégénérescence fatale du foie. Un beurre est préparé avec les petites noix de muscade, broyées. En Indonésie, il est vendu en petits pains enveloppés de feuilles de palmier. Les emplois en cuisine de la noix de muscade sont multiples, et elle sert aussi à préparer de nombreuses boissons alcoolisées. Les Allemands l’apprécient dans la bière et les Américains et les Canadiens dans l’egg nogg, ce cocktail crémeux préparé au moment de Noël. La féerie des épices « Oui, toute odeur est fée », écrit François Coppée, au XIXe siècle, dans un poème de son recueil Promenades et Intérieurs. Pour le poète, la féerie des parfums tient à leur puissance d’évocation. Les fragrances épicées appellent en effet les réminiscences et réveillent des souvenirs d’enfance, de voyage ou de festins. Surtout, les épices nous donnent le cadeau somptueux de leurs saveurs et de leurs parfums, contenus dans les huiles essentielles qu’elles renferment, en proportion importante. Plus qu’un simple présent, il s’agit d’un échange. L’odeur, comme le goût, n’existent pas en tant que tels : ils apparaissent seulement lorsqu’ils sont perçus par nos sens, olfactif et gustatif, puis interprétés par notre cerveau, qui décrypte le message et le met en correspondance avec notre mémoire.
De ce processus complexe, et pourtant très rapide, naît l’émotion, forte, que nous procurent les épices. Si le parfum et la saveur de chaque épice sont reconnaissables par tous, ils sont, en même temps, uniques pour chacun d’entre nous car nous les interprétons avec nos souvenirs olfactifs personnels, mis en correspondance avec notre propre histoire. Pour décrypter l’odeur, le cerveau la compare à d’autres, qu’il a conservées en mémoire, et il l’associe à des faits ou à des souvenirs. Pour toutes ces raisons, chaque rencontre olfactive est singulière, et cette singularité explique nos préférences. Comme l’odorat, le goût n’apparaît qu’en interaction entre un message émis par l’aliment et la présence d’un sujet capable de percevoir et décoder ce message. Comparables dans leur processus et alliés dans la dégustation, les deux sens de l’odorat et du goût sont à la source de la satisfaction que nous procurent les épices, lesquelles, en plus de nous raconter des histoires et des légendes depuis l’Antiquité, nous font plaisir… | |
| | | Fleur
Administrateur/trice
Nombre de messages : 74851 Localisation : france Emploi/loisirs : FONDATRICE Humeur : bonne Réputation : 26 Points : 113836 Date d'inscription : 11/06/2008
| Sujet: Re: La variété des épices histoire Dim 6 Mar 2011 - 22:17 | |
| | |
| | | Fleur
Administrateur/trice
Nombre de messages : 74851 Localisation : france Emploi/loisirs : FONDATRICE Humeur : bonne Réputation : 26 Points : 113836 Date d'inscription : 11/06/2008
| Sujet: Re: La variété des épices histoire Dim 4 Sep 2011 - 20:09 | |
| | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: La variété des épices histoire | |
| |
| | | | La variété des épices histoire | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|